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MADONNA
3 février 2006

Critique : I'M GOING TO TELL YOU A SECRET

I’m going to tell you a secret VS in bed with madonna

(Attention, cette critique dévoile des éléments du documentaire, donc…)

Comme tout fan qui se respecte le sait, Madonna nous a concocté un nouveau documentaire, qui devrait sortir incessamment sous peu en Dvd. Il s’agit de son second documentaire dont le sujet est l’une de ses tournées, à savoir sa dernière en date : the re invention tour. Tournée qui comme son nom l’indique signe une reinvention d’elle-même, c'est à dire qu’elle a repris de nombreux éléments de ses tournées précédentes. Second documentaire, parce qu’il existait déjà un documentaire sur sa tournée The Blond Ambition Tour, tournée qui restera pour de nombreux fans LA tournée de Madonna et aux yeux du grand public comme sa plus célèbre : qui n’a pas vu Madonna affublée d’un de ses costumes créés par Jean Paul Gaultier ? Sa façon de construire un spectacle a des lors été reprise par de nombreuses stars parmi lesquelles figure en tête la lilliputienne et raide comme un bâton Kylie Minogue, mais aucune autre star n’a jamais réussi à égaler son gigantisme et la vitalité de ses chorégraphies. Mais là n’est pas le débat.

Madonna remet le couvert et on peut se demander  si ce nouveau documentaire ressemble au précédent, si c’est un in bed with madonna reinventé, et la réponse est indéniablement : OUI, bien que le premier documentaire, In bed with Madonna, soit essentiellement tourné sur l'action, le matériel, le superficiel, et le second sur la reflexion, le spirituel, le coté profond... Ne nous y trompons pas!

Commençons par ce qui est nouveau. Tout l’aspect inédit du documentaire ne pourra satisfaire que le fan : on y aperçoit la vie de famille de Madonna (souvent sans Madonna…), comment sont ces enfants, la vitalité de Rocco qui braille à tout va et le charme de Lola, qui ressemble énormément à sa mère, parle bien le français, ce qui flattera les fans français bien sûr ("vive la France"). On y découvre son mari ainsi que ses loisirs et enfin, car c’est un documentaire « musical », le fan sera heureux de pouvoir écouter un aperçu de répétition de I’m So stupid, passée à la trappe dans le Re Invention tour, et de découvrir – instant trop court - une version rock de I love New York, dont on peut supposer qu’il s’agit de la version précédente pour cet album rock qui ‘aurait du’ être produit. On découvre une version chantée différemment, avec un vocal plus haché,  une mélodie moins agressive, scandée par une guitare électrique. Ce genre de chose n’existait pas dans In bed with Madonna, parce qu’elle n’était pas aussi exigeante avec sa musique à cette époque, et que, au niveau familial, elle n’avait pas encore fondé de foyer.

Les différences s’arrêtent donc là : en effet, les deux documentaires sont construits de la même façon, exeption faite du  debut (autour du clip de début : the beast within) et surtout de la fin. On y voit donc une alternance de scène privée /publique, et de séquences de show judicieusement tronquées afin qu’elles ne prennent pas trop de place et l’on se demande même si chacune d’entres elles sera bien passée à la moulinette lors que l’on visionne la première d entre elle, à savoir Vogue, dont le montage laisse à désirer au moment des coupures. Ces séquences lives sont d’ailleurs parfois curieusement filmées dès lors qu’il y’a chorégraphie : elles sont filmées d’une façon très dynamique et pèle-mêle. Ainsi Holiday contient des éléments de Into the groove, Nobody knows me use et abuse de ralentis et de replays, quant à American life, de nombreuses images défilent, issus du clip « censuré », du concert même et d’autres vidéos, formant une sorte de chaos qui sied bien à la chanson mais pourrait perdre une personne non initiée. Cette façon de filmer assez particulière a peut-être pour but de masquer des chorégraphies moins ambitieuses (Madonna vieillit, certes) et plus « diluées ». Ce qui explique sûrement pourquoi le public est beaucoup plus filmé que les autres prestations lives sorties dans le commerce.

Le documentaire commence narrativement un peu avant In bed with Madonna, puisqu’on y voit l’audition des danseurs. Par la suite, la majorité de séquences font échos.

On y voit donc à nouveau une séquence avec son père et sa belle mère, un concert éreintant parce qu’il pleut, un nouveau poème en l’honneur de son assistante du moment (en moins "trash" on va dire), elle donne un cadeau (moins fashion parce qu'il parait qu'elle n'est plus material girl) à un de ses danseurs et leur dit au revoir un à un (sans qu’aucun ne passe dans son lit… puisqu'elle est mère de famille) et évidemment adresse chaque soir une prière (moralité à l’appuie) avant de commencer son show … sauf que dans ce documentaire, on a l’impression qu’il y’a plus de prières d’avant concert filmées que dans In Bed ! Bis repetita… et l’effet de surprise est complètement étouffé.

On voit bien sur les amis de Madonna comme dans In bed with Madonna, seulement, on en voit moins : pas de fantôme du passé à la Moira par exemple. Elle troque la tombe de sa mère contre une visite de la maisonnée. Niveau famille, elle semble se concentrer sur l’essentiel, à savoir  son père et son petit foyer aussi voit-on moins les danseurs qui formaient à l’époque sa petite famille, danseurs beaucoup plus straight soit dit en passant. On peut donc visionner en long en large et en travers ses deux enfants dans leurs petits jeux ainsi que son mari, que l’on entend chanter pendant 3 minutes, qui fait de la lutte pendant une minute, de la plongée pendant une minute, boit des bières pendant une minute… On est en droit de se demander si tout cela est-il nécessaire dans l’économie du documentaire ? Le fan sera ravi de rentrer dans l’intimité de Madonna et sa petite famille, mais ces séquences n’apportent pas grand-chose à la thématique du film, puisque ce n’est pas lié intrinsèquement à la tournée ni au processus de re-invention.

C’est là qu’on touche le point faible de ce documentaire. Il semble qu’il y’ait dans ce film pas mal de remplissage : les séquences sont beaucoup moins nombreuses et dynamiques que dans In bed with Madonna et contiennent trois fois plus de paysages qui défilent sous nos yeux. Du remplissage visuel, donc. On comprends pourquoi Madonna a eu énormément de mal à monter son documentaire puisqu’il y’a priori moins de matière et l’on peut supposer qu’il est difficile de construire ce genre de film quand on en a fait un précédemment et que, même si ça vie a changé, ainsi que sa personnalité, de nombreuses redites pourraient être faite. Madonna a changé – plus posée, plus mure - certes, mais la vie de tournée est globalement la même, non ? On se demande donc ce qu’elle peut montrer de plus.

La réponse tiens en un seul mot : Kabbale.

Comme Madonna n’a plus à défendre son show, on ne voit pas de séquence Toronto/Vatican dans lequel elle prônait une défense de son art et affirmait son point de vue sur la liberté d’expression – qu’elle a d’ailleurs tue en interdisant son clip American Life. Le coté polémique/ politique s’exprime toutefois (si ce n’est dans l’extrait d’American Life en live) puisqu’elle se permet de faire de la propagande pour la Kabbale, notamment lors de la fin du documentaire : Madonna se rend en Israel et y présente les bienfaits de la secte dans laquelle elle officie, à savoir la kabbale de berg :  devant toute une assemblée réunie pour l'occasion, elle vante les mérites de la Spiritualité for kids (des écoles pour enfants qu’elle a en partie financé, notamment via ces 5 livres pour enfants), en montrant, de la même façon qu’elle le faisait via l’écran géant , lors de la prestation de Imagine, des images d’enfants atrophiés, difformes, pleurants, portant des armes, meurtris par la guerre…Mais c’est avant tout un documentaire sur sa tournée (n’est-ce pas ?) et non sur la kabbale, bien que l’on puisse y entendre son professeur professé, qu’elle y exhibe fièrement le zohar, qu’elle nous donne des conseils en lecture religieuse (commences par ça, continue par ça) et nous dévoile son secret ô combien mystique…

Madonna chercherait-elle à convertir ses fans ?

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